Vous êtes porteuses de dispositifs Essure et vous êtes aujourd’hui inquiète suite à la campagne médiatique et l’arrêt de commercialisation des dispositifs en France en aout 2017.
J’ai lu sur internet que certaines patientes avaient des problèmes après la pose des dispositifs Essure. Que faut-il en penser ?
Certaines patientes se plaignent d’apparition de douleurs ou de saignements :
- Ne pas oublier qu’après 35 ans, un certains nombres de femmes commencent à avoir des problèmes de saignements… ou des douleurs.
- Cependant, une pose imparfaite (avec perforation) est toujours possible et peut être responsable de douleurs après la pose. Cette complication doit être recherchée. C’est un échec de stérilisation et une grossesse est possible.
- Mais même avec une pose parfaite, certaines patientes peuvent développer des douleurs et des petits saignements.
Certaines patientes présentent des symptômes dans les mois ou les années qui suivent la pose des dispositifs : maux de tête, perte d’appétit, fatigabilité, douleurs musculaires, douleurs articulaires… Ces symptômes ne sont pas uniformes. Le retrait chirurgical des Essure leur apporte une amélioration de leur état de santé dans une grande majorité des cas. Cependant, il n’a pas été retrouvé, pour le moment de preuve scientifique prouvant un lien entre tous ces symptômes et les Essure.
Cependant, il ne faut pas oublier que :
- la très grande majorité des patientes porteuses d’Essure ne se plaint de rien.
- tous ces symptômes (maux de tête, perte d’appétit, fatigabilité, douleurs musculaires, douleurs articulaires…) peuvent survenir aussi dans la population générale. Pour affirmer un lien entre ces symptômes et la pose des Essure, il faut faire une étude comparative entre deux populations : avec et sans Essure.
En résumé, il est vrai que certaines patientes ont développé des symptômes après la pose des Essure, mais le lien éventuel – si il existe – n’est pas encore scientifiquement établi. Des études sont en cours.
On n’a pas prouvé – aujourd’hui – un lien entre les symptômes de certaines patientes et la pose d’Essure. Mais on va peut-être le prouver dans le futur. Dois-je me les faire retirer par prudence (principe de précaution) ?
Le Collège national des gynécologues obstétriciens français et la Société de chirurgie gynécologique et pelvienne s’est prononcée en décembre 2016 et a écrit : « Si vous n’avez eu aucune manifestation jusqu’ici, c’est que vous tolérez parfaitement le dispositif Essure, et il n’y a pas lieu de vous inquiéter. Mais si vous pensez avoir certains de ces symptômes, ou si vous le souhaitez, et afin de répondre à vos éventuelles questions, je vous propose de me contacter et de revenir me voir pour de plus amples informations. »
J’ai bien compris ce que vous m’expliquez. Néanmoins je souhaite vivement le retrait de mes implants. Comment dois-je procéder ?
- vous prenez rendez-vous avec un chirurgien gynécologue, de préférence celui qui a posé les dispositifs ;
- il prend connaissances de vos symptômes, il vous précise l’information nécessaire, en détaillant les modalités ;
- il vous explique que vous pouvez bénéficier de ce retrait, mais précise que l’intervention vous fait prendre un risque opératoire qui semble, à l’heure actuelle (octobre 2017), supérieur à celui du port de dispositifs Essure.
Quel bilan est à réaliser avant de se faire retirer les Essure ?
Avant de considérer la procédure de retrait, il convient de :
- s’assurer que les symptômes dont on souffre ne sont pas liés à un autre problème : on peut saigner à causes de fibromes, on peut avoir des vertiges à cause d’une maladie de Ménière, on peut être fatigué car on ne dort pas assez…
- savoir que l’ablation des implants Essure n’a pas été évaluée dans les études cliniques portant sur ce dispositif qui est destiné habituellement à être laissé définitivement en place.
- avoir le compte-rendu opératoire et la date de la pose des implants (et connaitre en particulier le nombre de tours de spires laissées dans la cavité utérine).
- localiser précisément les implants par une technique adaptée (ASP, échographie et/ou IRM).
- en fonction de la symptomatologie que vous présentez, des tests allergologiques cutanés peuvent éventuellement être effectués.
Comment se déroule l’opération ?
Par cœlioscopie. Une anesthésie générale est nécessaire. La cœlioscopie est une technique opératoire qui permet de réaliser des interventions chirurgicales sans ouverture de l’abdomen. Plusieurs petites incisions abdominales permettent ainsi l’accès des instruments et de l’optique. L’hystérectomie peut être débutée par cœlioscopie et terminée par voie basse.
Les options chirurgicales du retrait
Elles dépendent du positionnement des dispositifs. Un protocole de retrait doit être respecté pour retirer les dispositifs en entier, sans les rompre, sans en laisser une petite partie en place.
Ablation de l’utérus, du col de l’utérus et des deux trompes de Fallope (cas 1, 2 et 3). L’ablation de l’utérus et des 2 trompes (en totalité) ne doit pas être systématique, mais peut s’avérer utile en cas de pathologie utérine associée ; les ovaires sont généralement laissés en place. Cette technique peut-être envisagée quel que soit le positionnement du dispositif.
L’examen des pièces opératoires est indispensable, en précisant le contexte, mais il n’y a pas à l’heure actuelle (octobre 2017) de test valable d’évaluation de l’inflammation tubaire qui pourrait être corrélé aux plaintes des patientes.
L’intervention est prise en charge par l’Assurance Maladie.
Lors de l’intervention, quels sont les risques d’un retrait ?
Les risques sont ceux d’une cœlioscopie +/- hystérectomie. La salpingectomie est une intervention pour laquelle les complications possibles sont moindres que celles pouvant faire suite à l’hystérectomie, compte-tenu de la durée et de la nature de l’acte.
Un risque spécifique lié au retrait du dispositif est la rupture de l’implant lors de l’intervention, avec persistance de microfragments au sein de la cavité abdomino-pelvienne.
Le chirurgien fait réaliser des examens complémentaires tels que des clichés radiologiques ou photographiques (per ou post-opératoires) et l’examen macroscopique et anatomopathologique de la pièce opératoire.
En cas de persistance d’un fragment de l’implant, un geste complémentaire (cornuectomie, hystéroscopie voire hystérectomie) pourra être envisagé.
Des informations détaillées sur les types d’intervention et sur le protocole de retrait sont disponibles sur le site du Collège national des gynécologues et obstétriciens français : www.cngof.fr
Après le retour à la maison ?
Vous devez consulter votre médecin traitant en cas d’apparition :
- de brûlures lorsque vous urinez ou si vous urinez fréquemment ; cela peut être dû à une infection urinaire ;
- de douleurs au niveau des mollets ;
- de difficultés à respirer.
Il est également possible que des symptômes ayant motivé le retrait du dispositif persistent après l’intervention chirurgicale. Dans ce cas, vous devez consulter votre médecin
Vous devez consulter rapidement votre chirurgien si vous présentez les symptômes suivants :
- un saignement vaginal anormal ou malodorant,
- une température élevée pouvant être le signe d’une infection ou d’un hématome, potentiellement surinfecté ;
- des nausées, des vomissements avec un épisode de fièvre.
Il est également possible que des symptômes ayant motivé le retrait du dispositif persistent après l’intervention chirurgicale. Dans ce cas, vous devez consulter votre médecin
Dr Vincent Ducrotoy
Chirurgien-gynécologue-obstétricien
Pour en savoir plus
Fiche d’information de patientes sur les symptômes pouvant être en lien avec les dispositifs Essure