L’ablation de l’utérus : l’hystérectomie
L’hystérectomie est une intervention qui consiste à pratiquer l’ablation de l’utérus. Nous expliquons ici principalement le cas le plus fréquent réalisé au Belvédère : hystérectomie sur un utérus porteur de fibromes retiré par les voies naturelles.
Pourquoi retirer l’utérus ?
On peut définir trois motifs principaux :
- Parce qu’il est porteur de fibromes qui gênent beaucoup la patiente par les douleurs, les saignements et/ou la pesanteur qu’ils entraînent. Souvent, c’est après l’échec d’autres traitements que l’on propose cette solution radicale, chez des patientes qui ne souhaitent plus d’enfants.
- Dans d’autres cas, l’intervention est pratiquée dans le cadre du traitement d’une descente d’organes.
- Enfin, l’hystérectomie est aussi proposée dans le traitement des cancers du col de l’utérus, de l’endomètre et de certaines formes de cancers de l’ovaire. Ces types d’interventions pour cancer ne sont pas pratiqués, par convention avec l’Assurance Maladie, au Belvédère.
Nous allons parlé exclusivement de l’hystérectomie réalisée pour fibromes utérins. Y-a-t-il différentes façons de réaliser l’intervention ?
Elle peut être réalisée de quatre façons différentes :
- Par les voies naturelles, c’est-à-dire par le vagin. C’est la voie vaginale, qui ne laisse aucune cicatrice apparente.
- Par cœlioscopie, c’est-à-dire en introduisant des petits tubes à travers la paroi de l’abdomen. Il y a des petites cicatrices très discrètes à ce niveau. On peut parfois combiner voie cœlioscopique et voie vaginale.
- Par V-NOTES, qui est une technique de cœlioscopie réalisée uniquement par voie vaginale.
- Par laparotomie c’est-à-dire en ouvrant le ventre comme on le fait pour une césarienne. Cette voie d’abord est réservée pour les gros utérus ou en cas d’échec de l’une ou l’autre des 2 autres voies d’abord.
Chaque voie d’abord a ses avantages et ses inconvénients. Elles dépendent aussi de l’habitude des équipes chirurgicales. La plupart des hystérectomies réalisées au Belvédère le sont par voie vaginale et par cœlioscopie.
Combien de temps dure l’intervention ?
C’est variable en fonction de certains paramètres comme la taille de l’utérus ou le nombres d’accouchements par voie basse. On peut dire que généralement, la durée oscille entre 40 et 90 minutes. La durée est un peu plus longue par cœlioscopie.
Est-ce une intervention douloureuse ?
Grâce à un traitement antalgique puissant notamment pendant les premières 24 heures, les suites sont généralement confortables. Avec les techniques chirurgicales et anesthésiques actuelles, l’intervention n’est pas réputée pour être très douloureuse et permet une sortie rapide.
Combien de temps dois-je prévoir un arrêt de travail ?
Généralement un mois.
Combien de temps vais-je rester à l’hôpital ?
En règle générale, vous rentrez le matin de l’intervention. La sortie a lieu généralement entre le lendemain et le 2e après l’intervention. Exemple : vous êtes opérée un mardi matin, prévoyez de sortir le jeudi, et si vous êtes bien en forme le mercredi.
Y a-t-il des risques ou des inconvénients ?
L’hystérectomie est une intervention courante et bien maîtrisée dont le déroulement est simple dans la majorité des cas. En cours d’opération, la voie d’abord peut être modifiée selon les constatations faites au cours de l’intervention. Une ouverture de l’abdomen peut parfois s’avérer nécessaire alors que l’intervention était prévue par voie basse ou par cœlioscopie.
Des lésions d’organes de voisinage de l’utérus peuvent se produire de manière exceptionnelle : blessure intestinale, des voies urinaires (plus fréquente en cas d’antécédent de césarienne) ou des vaisseaux sanguins. Ces blessures nécessitent une prise en charge chirurgicale spécifique.
Dans le cas exceptionnel d’hémorragie pouvant menacer la vie de la patiente, une transfusion sanguine ou de produits dérivés du sang peut être rendue nécessaire. Parfois, un hématome ou une infection (abcès) de la cicatrice peut survenir, nécessitant le plus souvent de simples soins locaux.
Un traitement anticoagulant et des chaussettes de contention sont prescrits pendant la période d’hospitalisation et pendant les semaines suivantes afin de réduire le risque de phlébite (formation d’un caillot dans une veine des jambes) ou d’embolie pulmonaire. Exceptionnellement, une hémorragie ou une infection sévère peut survenir dans les jours suivant l’opération et nécessiter une réintervention. Comme toute chirurgie, cette intervention peut comporter très exceptionnellement un risque vital ou de séquelles graves.
Quels conseils donnez-vous à la sortie ?
Vous pouvez saigner un peu rouge-vif une dizaine de jours après l’intervention. C’est normal, cela correspond à la chute de la petite cicatrice qui s’est formée au fond du vagin après l’intervention.
Vous pouvez présenter dans le mois qui vient des pertes sales qui peuvent sentir mauvais. Cela est normal. Ces pertes vont disparaître en 5 semaines au total.
Vous sortez assez rapidement après l’intervention ce qui signifie que les suites opératoires initiales ont été normales. Cependant cela ne signifie pas que tous les problèmes sont réglés. Voici ce qui n’est pas normal et qui doit vous inciter à me contacter ou à vous présenter aux urgences :
- L’apparition d’une fièvre (supérieure à 38°). Merci de prendre votre température jusqu’au 5e jour après l’intervention, et ensuite si vous aviez l’impression d’avoir de la fièvre.
- Un écoulement permanent de liquide comme de l’eau ou de l’urine.
- L’apparition de troubles du transit : vomissements, arrêt des matières ou des gaz.
Vous êtes invitée vivement à être active et à ne pas rester couchée. Vous devez marcher, sortir. Vous pouvez faire de la voiture ou aller au cinéma ! Simplement, ne portez pas lourd.
Les douches sont possibles dès ce jour. Les bains sont possibles dans une semaine. Les rapports sont possibles dans un mois.
Vous revoyez votre chirurgien en consultation post-opératoire dans 6 semaines..
Cette intervention a-t-elle des conséquences à moyen ou long terme ?
Le col qui se situe au fond du vagin va être remplacé par une simple cicatrice indolore. Cela n’affecte pas la qualité des rapports sexuels.
Si vous étiez encore réglée, vous n’avez plus de règles, vous n’avez plus la possibilité d’être enceinte. Tous les mois, les ovaires continuent à produire un ovocyte qui ne survit pas dans l’abdomen. La ménopause sera affirmée par l’apparition de bouffées de chaleur et d’autres signes indirects.
Il n’y a plus de surveillance du col à réaliser (recherche de papillomavirus, frottis…)
Il n’y a aucune raison d’avoir des manifestations telles qu’une prise de poids ou une dépression, quelquefois imputées à l’hystérectomie. En effet, il ne faut pas confondre l’arrêt des règles :
- au moment de la ménopause qui peut s’accompagner de prise de poids par modification hormonale,
- après une hystérectomie qui ne s’accompagne d’aucune modification hormonale.
Dr Vincent Ducrotoy
Chirurgien-gynécologue-obstétricien
Pour en savoir plus
Fiches d’informations éditées par le CNGOF (Collège national des gynécologues obstétriciens français)